LA CADF ET LE STETSON
Thème imposé : le chapeau
Encore un problème d’identité communautaire qui embarrasse le gouvernement
A la suite de l’arrêt si controversé de la Cour Américaine des Droits de la Femme (CADF) qui annule la loi sur le port du Stetson (Stetson is the standard in hats, the essence of the spirit of the West and an icon of everyday American lifestyle. Publicité de la maison Stetson. Le chapeau de cow-boy serait donc l’âme des états Unis. NDT)
nous publions ici le témoignage émouvant d’une mère de famille de la communauté texane émigrée au Missouri.
C’est le comportement de mon petit dernier qui m’a mis la puce à l’oreille. Déjà tout petit il m’inquiétait. Il disait qu’il avait le droit de choisir entre un T-bone et du poisson. Comme si un cow-boy avait un jour mangé du poisson ! Je sais, on est dans le Missouri et certains, ici, en mangent. Mais pas les Texans ! J’aurais dû être plus sévère avec lui depuis le début. Je suis trop bonne, c’est de ma faute si mon fils est devenu comme ça. Mais faut dire que son père ne m’a pas beaucoup aidée. C’est un hypocrite, comme tous les hommes. Il dit toujours qu’il est d’accord avec moi mais par derrière je suis sure qu’il envie les gens d’ici. Un jour il m’a dit qu’il ne voyait pas trop pourquoi les hommes ne pourraient pas, comme les femmes, s’habiller comme ils le veulent, pourquoi les jeunes hommes ne pourraient pas se promener avec d’autres femmes que leur mère ou leurs sœurs, aller danser, être libres, quoi. Bien sûr il s’est vite repris et m’a dit que c’était l’opinion des gens d’ici, pas la sienne, mais depuis je me méfie de lui. Je me demande si ce n’est pas lui qui a perverti notre fils.
Et puis il y a ces « progressistes », c’est comme ça qu’ils s’appellent. Si c’est ça le progrès… On en parlait justement hier à la John Wayne Christian Association, ce sont eux les responsables, ils font le jeu des gens d’ici, ce sont des traitres. Ils ont réussi à faire voter cette loi inique : interdiction du port du chapeau dans les saloons. Au début j’étais tranquille. Je me disais que des lois comme ça, on sait ce qu’on en fait dans ce pays ! J’aurais dû me méfier parce que, petit à petit, ils ont réussi à la faire appliquer, cette loi : il y a déjà des saloons où on vous refuse carrément d’entrer avec un chapeau. Vous allez voir, un jour ils nous mettront une loi interdisant le port du Colt !
C’est pourtant normal que les Texanes exigent que leur homme porte un chapeau. C’est leur fierté et on ne joue pas avec la fierté d’un peuple. C’est ma fille ainée qui m’a avertie. Chez nous les filles savent qu’elles doivent surveiller leurs petits frères, c’est leur rôle, elles savent qu’ils doivent garder leur pureté de texans jusqu’au mariage. Après, c’est leur femmes qui les surveilleront et je peux vous dire que ce n’est pas rien ! Elle les avait vus, deux ou trois garçons, avec mon fils, se promener tête nue, sans vergogne, en ville. J’étais en colère, c’était inadmissible mais, je l’avoue avec honte, j’étais quand-même fière que mon fils ait ainsi le courage de ses opinions. C’est vrai, je suis trop bonne, tout ça est de ma faute, mais ce petit m’a toujours fait fondre quand il faisait des bêtises. Mais là c’était trop, ça ne pouvait pas durer.
Cette interdiction du port du chapeau dans les saloons a fait du bruit. En fait, c’est nous qui avons fait du bruit, on n’allait pas laisser faire ça sans rouspéter. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils ont porté l’affaire devant la Cour Américaine des Droits de la Femme, ce qui montre bien que notre cause était juste. Il leur a fallu des mois pour se décider, mais maintenant ça y est, on a le résultat. En fait, je ne sais pas quoi penser de ce jugement que la CADF vient de pondre. Il faudra voir ce qu’en dit le leader de la John Wayne Association parce que dans cette société où, avec la crise, les gens ne pensent qu’à eux-mêmes, où la solidarité et le désir de vivre ensemble ont disparu, on ne sait plus comment faire. Est-ce normal qu’on ait des lois qui tendent à donner aux hommes autant de droits qu’aux femmes ? Tout le monde sait qu’ils ne pensent qu’à boire de la bière, voire du whisky, à se battre et à regarder le Super Bowl à la télévision. Que deviendrait le pays si nous les laissions faire ce qu’ils veulent ? Si ça continue, ils pousseront même l’audace jusqu’à vouloir entrer au gouvernement. Je vous le dit, ça commence par ne plus vouloir porter le chapeau, mais ça nous mène tout droit à la chienlit.
Tout n’est pas de la faute des progressistes. Il y a aussi ces fusillades dans les universités. C’est vrai que nos hommes portent le colt à la ceinture, et dès qu’on voit un stetson dans la rue, on pense au colt. Mais c’est trop facile de leur attribuer tous les crimes. Ce n’est pas le six-coups qui tue, c’est l’homme qui appuie sur la détente et ça, tout le monde peut le faire, pas que les texans. D’ailleurs du temps où les cow-boys emplissaient les rues, il n’y avait pas de fusillades dans les universités. En tout cas, je ne l’ai vu dans aucun western à la gloire de nos héros.
J’ai du mal à comprendre les arguments des progressistes. Ils disent qu’ils ne veulent plus être pris pour des terroristes, qu’ils ne voient pas pourquoi on perpétuerait une coutume désuète qui nous isolerait du reste de la société et surtout qu’il n’est pas normal que les femmes exigent qu’ils portent un chapeau alors que pour elle il n’y a aucun interdit. Je sais que c’est surtout ça qui a motivé l’arrêt incompréhensible de la CADF, ce qui montre bien que ces fonctionnaires ne connaissent rien à la vie dans les quartiers sensibles où la densité d’immigrants texans dépasse les 20 %.vingt pour cent.
Les progressistes sont de plus en plus nombreux et impudents. Ils s’exhibent sans honte, il parait même qu’il y a un groupe de jeunes progressistes, les Hommens, qui ont osé défiler devant la mairie sans chapeau et même sans colt ! Où va-t-on ? Que dirait-on si nous, les femmes, nous allions nous exhiber sans robes ou même sans dessous ? A la John Wayne, il nous l’a bien dit : tout est de notre faute. On a laissé s’installer dans la société une cow-boy-phobie dont tous les texans sont victimes.
D’ailleurs cette loi interdisant le port du chapeau dans les saloons inquiétait à l’étranger. Le Mexique, où la secte occulte des Péons est omniprésente et dicte au gouvernement ce qu’il doit faire, envisageait de boycotter notre pays et menaçait de mettre fin à l’exportation massive de travailleurs clandestins. Il est clair que si cette menace était mise à exécution, l’économie parallèle de notre pays en souffrirait beaucoup. J’ai lu que d’autres pays latino-américains menaçaient de mettre en place un embargo sur les feuilles de coca. Et malgré ça, la loi scélérate sur le port du chapeau a été votée. Incompréhensible !
Mais le plus incompréhensible reste cet arrêté de la CADF qui annule cette la loi sur le port du chapeau. Nos hommes devront bien porter le chapeau, dans les saloons comme ailleurs, et ce n’est que justice. Mais c’est le reste de l’arrêté que je n’arrive pas à comprendre.
Je ne sais pas quoi faire. Je vais voir ce que font mes voisines, et puis à la John Wayne on va nous dire comment agir. Ou riposter, si c’est faisable, mais je crois que c’est perdu d’avance. Et puis cet arrêté va entraîner des frais. Parce qu’il en faudra plusieurs, de différentes couleurs, pour aller avec nos différentes robes. Et puis il faudra apprendre à les nouer, ce qui n’a pas l’air immédiat. Je vais surveiller mon ainée, ça ne m’étonnerait pas qu’elle profite de cet arrêté pour faire la coquette. A son âge, c’est sûr qu’elle sera tentée.
Les texans des quartiers sensibles ne sont pas riches : à part les allocations familiales et le chômage, ils n’ont pas grand-chose. On pourrait demander au gouvernement de nous attribuer une allocation, mais si on compte sur madame la présidente pour s’occuper de nos quartiers, on peut attendre. Elle serait plutôt pour nettoyer le quartier à l’aspirateur, c’est dire !
Cet arrêté est scandaleux, comme l’était la loi sur le port du Stetson dans les saloons, Dieu merci supprimée. Ils n’ont pas vu que ça allait détruire la cellule familiale, au moins dans les familles texanes dignes de ce nom, fières du passé de leur pays et descendantes directes des cow-boys qui en ont fait la grandeur, célébrée partout par d’innombrables films.
Et dire que tout ça est arrivé à cause de jeunes inconscients comme mon fils ! Finalement, je pense qu’on n’aurait pas dû saisir la CADF, on n’aurait pas eu cet arrêté incongru qui, au nom de l’égalité homme-femme (comme si Dieu nous avait fait égaux !), sous prétexte qu’on ne peut pas interdire le port du chapeau dans les saloons sans créer des troubles sociaux préjudiciables au PIB, sous prétexte que la femme et l’homme ont les mêmes droits et devoirs, et en vertu d’autres arguties du même genre, voilà où on en est : puisque les hommes doivent porter le chapeau, désormais, les femmes devront, en toutes circonstances, porter un voile sur la tête. Incompréhensible !